Catégorie : Sentier du Savoir / Étape 5 – Comprendre la technique et la méthode scientifique
Type de contenu : Texte fondateur
Mots-clés SEO : Hans Jonas, Principe responsabilité, éthique du progrès, philosophie de la technique, IA, précaution, futur, responsabilité
Méta-description (156 caractères) :
Hans Jonas repense l’éthique à l’ère technologique : comment agir moralement quand nos inventions peuvent menacer le futur du vivant ?
📌 Contexte
En 1979, le philosophe Hans Jonas publie Le Principe responsabilité, un livre qui marque un tournant dans la pensée éthique.
L’humanité vient d’entrer dans une ère où la puissance de la technique dépasse la portée morale de ses inventeurs : énergie nucléaire, manipulations du vivant, transformation planétaire.
Jonas en tire une conclusion radicale :
Les anciennes morales — centrées sur l’intention ou sur la justice immédiate — ne suffisent plus.
Nous devons apprendre à répondre du futur que nos actions engagent.
🧩 Lecture commentée
H2 – 1. L’impératif de responsabilité
« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre. »
— Hans Jonas, Le Principe responsabilité (1979)
Jonas reformule ici l’impératif catégorique kantien.
Kant disait : “Agis de telle sorte que ta maxime puisse être érigée en loi universelle.”
Jonas prolonge : “Agis de telle sorte que ton action n’anéantisse pas la possibilité même d’un avenir humain.”
💬 Commentaire
C’est un glissement décisif : la morale ne concerne plus seulement nos contemporains, mais les générations futures.
Jonas transforme la morale en éthique du temps long : chaque action doit préserver la continuité du vivant.
H2 – 2. La transformation de l’agir humain
« La technique moderne étend la portée de l’action humaine et introduit des effets irréversibles. » (paraphrase)
L’action humaine n’est plus locale, réversible, ou maîtrisable.
Elle agit à l’échelle du globe et du futur.
Dès lors, l’éthique ne peut plus se limiter à la bienveillance ou à la justice ; elle doit devenir prévoyance.
💬 Commentaire
Jonas montre que la modernité nous place dans un rôle inédit :
nous sommes devenus les auteurs du monde à venir.
Cela implique une nouvelle vertu : l’humilité face à la puissance.
H2 – 3. L’heuristique de la peur
« Il faut apprendre à craindre à temps. »
Jonas introduit ce qu’il appelle une heuristique de la peur — une “méthode de la lucidité”.
La peur, dit-il, peut être rationnelle :
elle nous avertit des possibles catastrophes qu’un optimisme aveugle refuserait de voir.
💬 Commentaire
C’est l’ancêtre du principe de précaution.
Face à l’incertitude, mieux vaut ralentir que détruire.
Dans le doute, choisis ce qui maintient la vie.
La peur n’est donc pas une faiblesse, mais une sagesse préventive.
H2 – 4. Le vivant comme fin, non comme matériau
« L’objet de la technique moderne est tout ce qui est : il n’y a plus rien qui ne soit susceptible de devenir moyen. »
Jonas dénonce la tentation de réduire la nature, le vivant — et bientôt l’humain — à un ensemble de ressources exploitables.
Il revendique au contraire une dignité du vivant : la nature n’est pas un stock de matière, mais une communauté d’êtres vulnérables.
💬 Commentaire
Cette idée rejoint aujourd’hui les débats sur :
- la biotechnologie,
- les intelligences artificielles génératives,
- ou la marchandisation des données humaines.
Jonas nous invite à retrouver un respect ontologique :
Ce qui vit ne se possède pas, cela se préserve.
H2 – 5. Responsabilité envers le futur
« L’avenir de l’homme est suspendu à son sens de la responsabilité. »
Jonas fonde ici une éthique inédite : non du contrat, mais de la fidélité à l’être.
Même si les générations futures ne peuvent pas nous demander de comptes, nous leur devons d’assurer la possibilité de leur existence.
💬 Commentaire
C’est une révolution morale : l’“autre” devient aussi celui qui n’est pas encore né.
Notre responsabilité n’a plus de frontières dans le temps.
Elle engage la Terre comme demeure commune.
🔭 Actualisation : l’IA et les lignes rouges du progrès
En 2025, l’appel mondial pour fixer des “lignes rouges” à l’intelligence artificielle (Bengio, Hinton, Stiglitz…) prolonge directement cette pensée.
Jonas aurait vu dans l’IA un symbole du pouvoir humain devenu global et incalculable — celui qui exige le plus de prudence.
Ce n’est pas la peur qui menace l’avenir,
mais la foi aveugle dans le progrès.
🧭 Dans le cadre du Sentier du Savoir
| Élément | Contenu |
|---|---|
| Étape | Étape 5 – Comprendre la technique et la méthode scientifique |
| Fondamentaux reliés | F4 – Éthique de la recherche et responsabilité du savoir • F6 – Le progrès et ses limites • F8 – Science, pouvoir et décision • F10 – Anticiper les conséquences à long terme |
| Compétence visée | Développer une conscience éthique face à la puissance technologique |
| Liens internes | (Un appel mondial pour fixer des lignes rouges à l’IA) • (Vers un encadrement strict de l’IA en Europe) • (Les biais de l’intelligence artificielle) |
💬 Exercice de réflexion
Question : La peur peut-elle être un guide moral ?
Défi : Trouver un exemple où le refus d’agir par prudence a permis de protéger un bien commun — ou au contraire, où l’absence de peur a conduit à la catastrophe.
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