📌 Contexte : Un continent au cœur des rivalités globales
L’Afrique n’est plus seulement perçue comme une « terre d’aide », mais comme un épicentre géostratégique majeur dans les rapports de force mondiaux. Depuis le début du XXIe siècle, la compétition s’intensifie entre les puissances traditionnelles (États-Unis, France, Royaume-Uni) et les nouveaux venus (Chine, Russie, Turquie, Émirats arabes unis, Inde) pour gagner de l’influence politique, économique, militaire et culturelle sur le continent africain.
Le continent abrite 1,4 milliard d’habitants (2023), une croissance démographique record, d’immenses ressources naturelles (terres rares, hydrocarbures, cobalt, lithium) et un potentiel de développement numérique sans équivalent. Dans ce contexte, les puissances étrangères reconfigurent leur diplomatie, leurs investissements et leurs alliances militaires. La montée de nouveaux partenariats bouleverse les équilibres hérités de la colonisation.
🕰️ Cadre historique : Du partage colonial aux indépendances stratégiques
Pour comprendre l’intérêt géopolitique contemporain pour l’Afrique, il faut revenir sur le passé colonial et les mécanismes de dépendance mis en place au XXe siècle. Le « partage de l’Afrique » lors de la Conférence de Berlin (1884-1885) a fragmenté le continent selon des logiques impérialistes européennes. La France, le Royaume-Uni, la Belgique, le Portugal et l’Allemagne y ont établi des empires coloniaux centrés sur l’extraction des ressources.
Après les indépendances, les relations postcoloniales ont été marquées par une présence diplomatique et militaire persistante (notamment française), souvent perçue comme néocoloniale. Le « pré carré » francophone s’est maintenu au Sahel, en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. La chute du bloc soviétique a brièvement réduit les tensions géopolitiques, mais le XXIe siècle marque un retour des rivalités, désormais multipolaires.
⚔️ Analyse géopolitique : Des zones d’influence en recomposition
🟠 Chine : la puissance de l’économie et des infrastructures
Depuis les années 2000, la Chine s’est imposée comme le premier partenaire commercial de l’Afrique. Grâce à l’initiative des « Nouvelles Routes de la Soie » (BRI), Pékin finance ports, autoroutes, chemins de fer, infrastructures numériques. Ces investissements s’accompagnent de prêts massifs, de transferts technologiques limités et d’une présence humaine croissante (plus d’un million de Chinois sur le continent selon certaines estimations).
Critiquée pour ses pratiques de « pièges de la dette », la Chine affirme offrir une alternative au modèle occidental, sans condition politique (droits humains, démocratie). Mais son influence est aussi culturelle (Institut Confucius), sécuritaire (base militaire à Djibouti) et médiatique (Xinhua, CGTN Africa).
🔵 États-Unis : retour stratégique et soft power
Les États-Unis ont longtemps négligé l’Afrique, mais le pivot vers l’Indo-Pacifique n’exclut pas une présence accrue. Le Commandement US pour l’Afrique (AFRICOM) est actif militairement, notamment dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et en Somalie. Washington mise aussi sur l’aide au développement, la diplomatie climatique et la coopération universitaire pour renforcer ses liens.
Sous Biden, les États-Unis cherchent à contrer l’influence chinoise et russe en promouvant la démocratie, l’État de droit et l’économie verte. Mais leur approche reste parfois perçue comme moralisatrice et peu adaptée aux réalités locales.
🔴 Russie : retour militaire et narratif anti-occidental
La Russie, depuis 2015, adopte une stratégie offensive sur le continent. Présente militairement via le groupe Wagner (Libye, Centrafrique, Mali, Soudan), elle se positionne comme un allié anti-impérialiste. Son discours s’appuie sur la dénonciation de l’Occident, du passé colonial, et sur une rhétorique panafricaine de souveraineté.
Le Kremlin organise des forums Russie-Afrique, propose des accords de défense, livre des céréales et exporte des armes. Sa stratégie mise davantage sur l’influence symbolique et sécuritaire que sur l’économie. Toutefois, la mort de Prigojine et la réorganisation de Wagner complexifient ses relais opérationnels.
🟢 France : une influence en recul ?
La France connaît une perte d’influence notable, en particulier dans sa sphère historique (Sahel, Afrique de l’Ouest). Les expulsions des forces françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger, entre 2021 et 2023, marquent un tournant. L’image d’un partenaire intrusif, déconnecté des attentes locales, affaiblit son action diplomatique.
Paris cherche à refonder sa politique africaine, à travers la culture, la francophonie, les coopérations décentralisées, mais se heurte à une contestation générationnelle et à la concurrence de nouveaux acteurs.
🧭 Mise en contexte stratégique : ressources, démographie et instabilités
L’intérêt croissant pour l’Afrique ne s’explique pas seulement par les rivalités d’influence, mais aussi par des facteurs structurels :
- 🌍 Ressources naturelles : l’Afrique détient 30 % des réserves mondiales de minerais critiques (cobalt, lithium, bauxite). Le Congo est stratégique pour les batteries électriques ; la Guinée pour l’aluminium ; le Niger pour l’uranium.
- 🧒 Jeunesse démographique : 60 % de la population a moins de 25 ans. D’ici 2050, un humain sur quatre sera africain. Ce potentiel humain attire les industries du numérique, de l’agroalimentaire et de la formation.
- 🔥 Crises sécuritaires : terrorisme (Boko Haram, AQMI), coups d’État (Mali, Burkina Faso, Guinée, Niger), conflits armés (Éthiopie, RDC) créent une instabilité propice aux interventions étrangères.
- 📶 Transition numérique : explosion des usages mobiles, émergence des fintechs africaines, développement de l’intelligence artificielle adaptée aux langues locales.
Ces éléments font de l’Afrique un théâtre d’opportunités et de vulnérabilités dans la compétition mondiale.
🚀 Perspectives d’avenir : vers une diplomatie africaine multipolaire ?
Face à ces enjeux, l’Afrique n’est pas passive. Des coalitions régionales (UA, CEDEAO, SADC) émergent. Plusieurs pays affirment une diplomatie d’équilibre, cherchant à diversifier leurs partenaires, maximiser les bénéfices et éviter les dépendances exclusives.
Le concept d’« agence africaine » prend de l’ampleur. Des États comme le Rwanda, le Sénégal ou le Ghana adoptent des stratégies souveraines de développement, valorisant l’innovation locale, la formation et les partenariats ciblés.
À moyen terme, trois scénarios se dessinent :
- ⚖️ Multipolarité pragmatique : l’Afrique devient un espace d’équilibres, jonglant entre Chine, États-Unis, Europe et BRICS.
- ⚔️ Nouvelles fractures : la compétition se durcit, accentuant les tensions internes et les ingérences.
- 🌱 Intégration panafricaine renforcée : grâce à la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine), une croissance endogène réduit la dépendance.
Le défi sera de transformer les convoitises extérieures en leviers d’émancipation et de développement durable.
📝 Conclusion : repenser les regards sur l’Afrique
Le regain d’intérêt stratégique pour l’Afrique révèle autant les bouleversements géopolitiques mondiaux que les mutations profondes du continent lui-même. En évitant le piège des narratifs simplificateurs (continent en crise ou terre d’opportunités), une lecture plus nuancée s’impose : l’Afrique n’est pas un terrain à conquérir, mais un acteur à part entière de la scène internationale.
👉 Une question reste en suspens : les pays africains parviendront-ils à imposer un modèle souverain et durable dans ce nouvel échiquier mondial ?
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