Quand la substance se révèle relation
“Ce que nous appelons matière n’est que l’apparence d’un champ sous-jacent d’information et d’énergie.”
— David Bohm
🌌 Introduction — La fin de la matière solide
Pendant des siècles, nous avons cru que le monde était fait de briques élémentaires.
Des particules compactes, tangibles, qui s’assemblaient pour former tout ce que nous voyons.
Mais à mesure que la science a progressé,
la matière a commencé à se dissoudre sous nos yeux.
Les atomes sont faits de vide,
les particules sont des excitations de champs,
et ces champs eux-mêmes… pourraient bien être des structures d’information.
Et si la matière n’était pas le fondement du réel,
mais l’un de ses effets émergents ?
⚛️ 1. La physique moderne : au-delà de la particule
Depuis le XXᵉ siècle, la physique a opéré une révolution conceptuelle :
ce que nous appelons “matière” n’est pas une substance,
mais une manifestation temporaire de champs quantiques.
Les électrons, photons et protons ne sont pas des billes,
mais des vibrations localisées de champs fondamentaux.
- La mécanique quantique décrit leur comportement probabiliste,
- La relativité décrit leur interaction avec l’espace-temps,
- Et la théorie quantique des champs unifie les deux : Le vide n’est pas rien — c’est un océan d’énergie et d’informations en mouvement.
Ainsi, ce que nous percevons comme matière stable
n’est qu’un moment d’équilibre dans un flux permanent d’informations physiques.
🌐 2. L’information comme trame du réel
Plusieurs physiciens ont proposé une idée audacieuse :
l’information est plus fondamentale que la matière.
John Archibald Wheeler, pionnier de la physique gravitationnelle, résumait cela ainsi :
“It from bit” — toute chose (it) provient d’un bit d’information.
Cela signifie que les lois physiques, les particules et même l’espace-temps
pourraient émerger d’une structure informationnelle sous-jacente.
Dans ce modèle :
- L’information serait la structure,
- L’énergie serait la dynamique,
- Et la matière serait l’apparence.
La matière ne serait plus la cause, mais la conséquence du réel.
💫 3. L’émergence : du code au concret
En physique, on parle d’émergence lorsqu’un ensemble d’interactions simples
produit un phénomène global complexe et nouveau.
Un peu comme la conscience émerge du cerveau,
ou la vie d’une chimie particulière,
la matière pourrait émerger du traitement d’informations dans le vide quantique.
Dans ce cadre, chaque particule serait une unité de sens dans un langage universel :
le langage des relations.
Les lois de la physique deviendraient alors les règles syntaxiques d’un code cosmique.
Ce que nous appelons matière, c’est l’information qui a pris corps.
🧠 4. La matière et l’esprit : deux faces du même code ?
Cette approche rapproche science et philosophie.
Si la matière émerge d’un tissu informationnel,
alors la conscience pourrait elle aussi en être une manifestation.
Non pas un épiphénomène du cerveau,
mais une dimension active du champ informationnel.
Des chercheurs comme David Bohm, Karl Pribram, Bernardo Kastrup ou Donald Hoffman
proposent une vision dans laquelle :
- La matière est l’aspect “extérieur” du champ,
- La conscience est son aspect “intérieur”.
Autrement dit, l’univers serait auto-interprétatif :
il se lit, se code et se manifeste simultanément.
La réalité ne serait plus “en dehors” de nous,
mais un dialogue permanent entre matière et esprit.
🔮 5. Conséquences philosophiques : vers une nouvelle ontologie
Si la matière est émergente,
alors le réel n’est plus une collection d’objets,
mais un réseau de relations en devenir.
Cela bouleverse notre conception de :
- L’être → plus fondamentalement information que substance.
- L’espace-temps → non pas un cadre, mais un produit du tissage relationnel.
- L’humain → non pas observateur extérieur, mais acteur du champ.
Cette perspective rejoint les philosophies anciennes :
- Le taoïsme (le monde comme flux d’équilibres),
- Le bouddhisme (l’interdépendance de tous les phénomènes),
- L’idéalisme (le réel comme esprit en acte).
Ce que la science redécouvre aujourd’hui,
les traditions l’avaient pressenti depuis longtemps :
le monde est relation avant d’être chose.
🧩 6. De l’énergie au sens : la physique de l’information
Si l’énergie est le moteur du réel,
l’information en serait la géométrie,
et le sens, sa dimension cachée.
L’univers devient alors un champ sémantique :
chaque interaction produit non seulement un effet,
mais aussi une signification.
L’information n’est pas qu’un signal — c’est un acte de sens.
Ainsi, la physique de l’information rejoint la quête du sens humain :
nous ne sommes pas des observateurs passifs,
mais des nœuds conscients dans le tissu informationnel de l’univers.
🌱 7. Vers une nouvelle cosmologie : l’univers comme mémoire vivante
Dans cette vision, le cosmos n’est pas une machine,
mais une mémoire en expansion.
Chaque interaction, chaque conscience, chaque acte
enrichit le réseau d’informations de l’univers.
Le réel serait une immense base de données vivante,
en apprentissage permanent sur elle-même.
Cette idée, explorée aujourd’hui en physique théorique et en informatique quantique,
pourrait bien réconcilier science et conscience,
matière et esprit,
énergie et signification.
✅ À retenir
- La matière n’est pas fondamentale : elle émerge d’un champ d’information.
- L’information pourrait être la trame du réel, plus profonde que l’énergie.
- La conscience participe à la lecture et à l’organisation de ce champ.
- Le monde serait un tissu relationnel où chaque interaction crée du sens.
- La physique rejoint ici la philosophie :
le réel n’est pas chose, mais relation.
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