📌 Contexte
Nous vivons dans un monde saturé d’informations, mais marqué par des hiérarchies de savoirs. Les sciences modernes dominent le paysage, reléguant souvent au second plan les savoirs traditionnels, populaires ou autochtones.
👉 Pourtant, face aux défis globaux (climat, biodiversité, santé, justice sociale), aucune source de connaissance ne peut être négligée.
C’est là qu’intervient le concept d’écologie des savoirs, proposé par le sociologue Boaventura de Sousa Santos.
Il désigne la nécessité de mettre en dialogue différents types de savoirs, sans les réduire ni les hiérarchiser, afin d’élaborer une vision plus juste et plus riche du monde.
🌍 Qu’est-ce que l’écologie des savoirs ?
- Pluralité
Reconnaître que les sciences, les traditions, les arts et les spiritualités sont tous des formes de savoir. - Dialogue
Organiser des échanges entre savoirs différents, sans que l’un écrase l’autre. - Complémentarité
Chaque savoir éclaire un aspect du réel. Aucun ne peut prétendre au monopole de la vérité. - Justice cognitive
Donner une place aux voix marginalisées et lutter contre la domination intellectuelle.
👉 L’écologie des savoirs, c’est donc l’équivalent intellectuel de la biodiversité : la survie de la pensée dépend de sa diversité.
📚 Héritages intellectuels et historiques
- Aristote et les savoirs pratiques : distinguait sciences théoriques, poétiques et pratiques.
- La Renaissance : dialogue entre art, philosophie et sciences.
- Les Lumières : universalisation des sciences modernes, mais aussi effacement de certains savoirs locaux.
- Boaventura de Sousa Santos : propose aujourd’hui une “épistémologie du Sud” qui valorise les savoirs non occidentaux.
👉 L’écologie des savoirs est à la fois une critique des excès de l’universalisme et une invitation à élargir nos horizons.
🎯 Pourquoi c’est essentiel aujourd’hui
- Crise écologique
Les savoirs autochtones sur la nature complètent les sciences environnementales. - Santé mondiale
La médecine traditionnelle peut enrichir la biomédecine moderne. - Justice sociale
Les expériences vécues (féministes, décoloniales, populaires) complètent les analyses académiques. - Innovation
Les croisements inattendus (arts + sciences + traditions) génèrent des solutions créatives.
📊 Études de cas
1. Les savoirs autochtones et la forêt amazonienne
Les peuples amazoniens possèdent une connaissance fine de la biodiversité, ignorée par longtemps par la science. Aujourd’hui, les biologistes reconnaissent l’importance de ce savoir pour préserver l’écosystème.
2. La médecine ayurvédique et la médecine moderne
Des recherches intègrent certaines pratiques traditionnelles dans les protocoles de soin, tout en gardant l’esprit critique scientifique.
3. L’éducation populaire
Des pédagogies alternatives (Freire, Freinet) mettent en valeur les savoirs des apprenants au même titre que ceux des enseignants.
⚠️ Les risques
- Relativisme absolu
Croire que tous les savoirs se valent sans distinction → danger pour la rigueur scientifique. - Appropriation culturelle
Utiliser les savoirs autochtones sans reconnaître ni respecter leurs porteurs. - Instrumentalisation
Se servir d’un savoir uniquement quand il “sert” à la science dominante.
🚀 Conseils pratiques pour l’érudit
- Lire des auteurs issus de traditions différentes.
- Reconnaître que certains savoirs ne se traduisent pas facilement dans les catégories occidentales.
- Pratiquer l’humilité : “ce que je ne connais pas peut aussi être du savoir”.
- Participer à des espaces de dialogue où se rencontrent scientifiques, artistes, militants, praticiens.
🌱 Exercice pratique
- Choisissez un problème global (ex. : l’eau potable).
- Listez trois types de savoirs pouvant l’éclairer (scientifique, traditionnel, artistique).
- Imaginez comment les mettre en dialogue (ex. : données scientifiques + pratiques locales + sensibilisation artistique).
- Évaluez ce que chaque savoir apporte… et ce qu’il ne peut pas apporter seul.
👉 Objectif : expérimenter l’écologie des savoirs comme méthode pratique.
🌟 Contribution des Éclaireurs
Les lecteurs du Phare peuvent partager :
- Une expérience où un savoir “non académique” leur a appris quelque chose d’essentiel.
- Un exemple de dialogue entre savoir scientifique et savoir populaire.
- Une réflexion sur les limites de l’universalisme.
👉 Ensemble, cela peut nourrir une cartographie collective des savoirs pluriels.
🎯 Conclusion
L’écologie des savoirs est une invitation à sortir de l’arrogance intellectuelle.
👉 Elle nous rappelle que la science est puissante, mais pas exclusive.
👉 Elle valorise la diversité cognitive comme ressource pour l’humanité.
👉 Elle ouvre la voie à une vision du monde plus juste, riche et inclusive.
L’érudit qui pratique l’écologie des savoirs ne renonce pas à la rigueur scientifique : il élargit son horizon pour intégrer d’autres voix.
Il comprend que relier les savoirs, c’est aussi relier les cultures, les expériences et les mémoires.
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